Un filet de dentelle qui traverse le ciel Nous marchons au hasard, la ville t'accapare Et tu te dis tout bas: je vivrais loin là-bas Soumis aux paysages des saisons de passage Ô triste vanité, comment as-tu élevé Devant toi, suffocants, ces immeubles pesants Qui t'ont trompé cent fois comme la guêpe des bois S'immisce dans le nid d'innocentes fourmis Comme un chapeau troué, le grand ciel étoilé Vient rabattre l'ivresse du jour ensoleillé Et un pincement au cœur: il est déjà vingt heures À demain les frissons du soleil des cantons La première étincelle qui fait craquer de miel L'amertume du soir ouvre aussi le grimoire D'un occulte ancestral dont les cendres totales Ravivent la magie dans le feu de la nuit Les paupières fermées, tes notes de fin d'été Ressurgissent tremblantes dans un songe éveillé Et se dessine enfin le style de ta nuit Mystique diapason des images du lundi Et tu te dis tout bas: je vais rester ici Tant que les manitous gardent l'œil sur nos vies Oui tu te dis tout bas: je vais rester ici Tant que les manitous veillent sur toi aussi