Je coupe des têtes, j'arrache des pattes
J'écrase des boyaux comme des tomates
Je désosse, je dépèce
J'en ai plein les doigts
Et j'ai beau faire
L'odeur, je la ramène jusqu'à chez moi
Vaut mieux les endormir avant, c'est sûr
Mais y'a pas toujours le temps
Faut que j'fasse vite et puis qu'j'assure
Avant, j'mettais des bouchons pour pas entendre les cris
Mais bon, à force, on s'habitue, c'est la vie
J'aime pas voir le sang
Mais pas possible de faire sans
Pour qu'y ai des rillettes
Faut bien qu'y en ai qui tue les bêtes
Les poules, ça va vite, ça a un tout p'tit cou
C'est pas le pire, même si ça fout des plumes partout
Les vaches, les cochons, les veaux, ça c'est une autre affaire
Ça braille, ça se débat, faut vite sectionner les artères
Des fois, y'en a, on dirait, ils font exprès de faire souffrir
Comme si qu'les entendre hurler, ça leur faisaient plaisir
Faut pas juger, y'a de quoi devenir marteau
Quand tu passe trente ans d'ta vie à découper des os
J'aime pas voir le sang
Mais pas possible de faire sans
Pour qu'y ai des cotes d'agneaux
Faut bien les découper, les agneaux
Ma femme, elle est partis
Elle a dit, elle en avait marre
Que je parle plus à la bouteille qu'à elle quand je rentre le soir
Elle a dit aussi comme quoi qu'elle avait besoin de douceur
Ça fait un baille qu'ma douceur
Elle est avec les porcs dans le broyeur
Puis, elle a pas aimer quand j'ai mit le chat à la poubelle
Comme quoi, qu'fallait l'enterrer
Comme quoi, qu'j'étais cruel
Elle faisait moins de chichi quand j'rapportais un steak ou deux
Faut croire qu'les bestioles mortes avec du ketchup ça passe mieux
J'aime pas voir le sang
Mais pas possible de faire sans
Pas de jambon beurre
Sans cochon passé au mixeur