On se sent moins sain que sauf Sur cette bouée empruntée Au milieu d'une mer calme Où les requins sont si riches qu'ils paient des pêcheurs pour manger Où le sel est seul pour panser nos plaies On a beau avoir construit le plus beau des bateaux Le temps laisse son empreinte sur le vieux bois jauni On aura bu et puis fêté, appris et puis désappris Mais ces questions rongeront le fond de notre cale avant de couler... Y resterait qui sur le quai pour nous dire adieu? Si on a déjà tout vendu même notre dieu? On a des regards crus de sang Un vent de désespoir plein les voiles Mais on a quitté depuis bien que trop longtemps Nos critères de survie sont empruntés à des films américains Où l'amour triomphe même des plus divorcés Est-ce que c'était comme ça dans le bon vieux temps? Sommes-nous plus ou moins naïfs que nos parents? Se contentions-nous de nos petits bateaux? Oh, je sais la mort embellirait même le plus grugé des rafiots Chaque île est emplie de gloire et de promesses Mais on oublie trop souvent les marques que les prouesses laissent Nos gorges s'érodent et laissent place aux matins Et si beaucoup de choses changent en chemin On vit pour l'Horizon, et elle chante toujours la même chanson Y resterait qui sur le quai pour nous dire adieu? Si on a déjà tout vendu même notre dieu? Si le temps nous faisait un peu de promesses Serions-nous plus libres, plus heureux? Chaque quai vide nous rappelle nos derniers adieux Y resterait qui sur le quai?