Bien ivre bien vivre La mélancolie d'Abel en colère Le vice bien vissé au cœur Des hommes saouls de la race intérieure Condamnés par Dieu à manger de l'herbe Les lumières qui défilent la danse des silhouettes Le hurlement des flûtes Aegipan sur la crête Bien ivre bien vivre La belle a connu le ciel en dérive Les égards amers amers du regard éteint De l'œil qui regardait Caïn C'est la nuit du mal tous les jours avec elle Elle me prend pour témoin joue de l'estuaire Puis baisait sa main et la soufflait au ciel Bien ivre bien libre J'ai volé pour manger et j'ai chanté pour vivre Quitte à ne rien être laissez-moi renaître Enfin nu enfin riche Vivre au temps béni où chantaient les bêtes Contempler la danse de ses mains si bien se mettre Me coiffer de ronces et chanter dans le supplice C'est le rêve du cheval La pompe et la théorie des digitales Sa bouche c'est du feu escorté par les étoiles Les annales des noces accomplies dans l'ombre Là-bas la Phalange Magnifique à l'horizon Allume des feux sous le ciel taillé Dans la glaise hallucinée J'ai rêvé J'ai rêvé d'Aloys Zötl Les ruines et les corps dans les décors de son enfance Pour toujours le crâne transpercé par les rayons du soleil J'ai porté la couronne de nuages D'orage Bien ivre bien vivre La mélancolie d'Abel en colère Le vice bien vissé au cœur Des hommes saouls de la race intérieure Condamnés par Dieu à manger de l'herbe Les lumières qui défilent la danse des silhouettes Le hurlement des flûtes Aegipan sur la crête Moi quand je serai grand je serai fantôme Je m'allongerai sous la ligne bleue des Vosges Sous le voile bleu de la femme avec ibis Sortir de ma grotte danser en satyre Traverser les nuages et m'asseoir sur mon trône Quand je serai fantôme je serai riche C'est Dieu Amour Qui décharge sa foudre sur nos figures Comme pour nous punir d'avoir joui un jour Mais je t'aime je t'aime donne-moi encore J'ai faim et j'ai mal aie pitié de l'homme Et ce vent qui rend fou Bien ivre bien vivre La mélancolie d'Abel en colère Le fils bien vicié à cœur Des hommes saouls de la race intérieure Condamnés par Dieu à manger de l'or Et une fois remplis en manger encore Qu'ils voient dans l'immense pauvreté de la mort Que la faim est un trésor