François Hadji-Lazaro À la chaîne 2006 "Aigre-doux" À la chaîne, tout s'enchaîne sur un tempo violent À la chaîne, tout se déchaîne, en un balai suant À la chaîne, les objets partent et reviennent sur un rythme branlant À la chaîne, tes doigts peinent sur ces montages savants Ton il glisse souvent vers la pendule Mais ses aiguilles molles font que le temps recule À chaque objet fini, tu te sens salie C'est donc ça la vie, au rythme roulant du tapis Seraient-ce tes illusions, qui glissent petit à petit Pour s'envoler au bout, quand la chaîne est finie? À la chaîne, ambiance malsaine, comme dans un enterrement À la chaîne, la mise en scène manque de sentiment À la pause déjeuner, tu écoutes tes compagnes Qui parlent de malheurs ou racontent des blagues Bien sûr, tu aimes, tu craques sur le nouveau contremaître Mais tu n'le connais pas, est-il si bien que ça? Tu l'aimais bien aussi, le livreur de métaux Il s'est vite envolé, en t'laissant un p'tit marmot À la chaîne, tout semble obscène, tout est entêtant À la chaîne, tout nous entraine vers un trou béant Petite avec tes poupées, tu te voyais en princesse Mais ta blouse n'a rien à voir avec ses robes enchanteresses Comment ta mère aurait pu imaginer Que quand tu serais grande, tu allais la remplacer? Que le travail à la chaîne existerait encore? La chaîne méprisante, à la vie, à la mort.