La ceinture La... ceinture: Partant pour la croisade un sire fort jaloux De l'honneur de son nom et de son droit d'époux Fit faire une ceinture à solide fermoir Qu'il attacha lui-même à sa femme un beau soir. Une fois son honneur solidement bouclé, Il partit tout joyeux en emportant la clé. Depuis la pauvre Iseult murmurait chaque jour: T'ouvriras-tu fermoir, prison de mes amours? Elle fit la rencontre un matin dans le bois D'un jeune troubadour, poète montmartrois Elle lui demanda gentiment d'essayer Si d'un poète l'amour peut faire un serrurier. Elle était désirable et belle tant et tant Que le fermoir cèdât et qu'elle en fît autant. Depuis trois ans déjà durait leur tendre amour Quand le seigneur revint avec armes et tambours Mais la belle étant grosse depuis près de neuf mois S'écria: Sur ma vie! quel malheur j'entrevois! En mettant La ceinture, en la serrant un peu Le sir, votre époux, n'y verra que du feu! L'époux s'en aperçut et se mit en courroux. La belle lui jura: sur l'honneur, c'est de vous! Votre fils enfermé, seigneur, à double tour Depuis près de trois ans attend votre retour. Hourra!, s'écria-t-il, femme au corps vertueux Ouvrons vite la porte au fils respectueux. L'enfant vint aussitôt... À l'avenir, méfiez-vous De ces serrures qu'on ouvre avec un passe-partout!