La mélancolie C'est une rue barrée, c'est c'qu'on peut pas dire C'est dix ans d'purée dans un souvenir C'est ce qu'on voudrait sans devoir choisir La mélancolie C'est un chat perdu qu'on croit retrouvé C'est un chien de plus dans le monde qu'on sait C'est un nom de rue où l'on va jamais La mélancolie C'est se retrouver seul, Place de l'Opéra Quand le flic t'engueule et qu'il ne sait pas Que tu le dégueules en rentrant chez toi C'est décontracté, ouvrir la télé Et regarder distrait, un Zitron pressé T'parler du tiercé que tu n'a pas joué La mélancolie La mélancolie C'est voir un mendiant chez l'conseil fiscal C'est voir deux amants qui lisent le journal C'est voir sa maman chaque fois qu'on s'voit mal La mélancolie C'est revoir Garbo dans la reine Christine C'est revoir Charlot à l'âge de Chaplin C'est Victor Hugo et Léopoldine La mélancolie C'est sous la teinture avoir les cheveux blancs Et sous la parure faire la part des ans C'est sous la blessure, voir passer le temps C'est un chimpanzé au zoo d'Anvers Qui meurt à moitié, qui meurt à l'envers Qui donnerait ses pieds pour un revolver La mélancolie La mélancolie C'est les yeux des chiens quand il pleut des os C'est les bras du Bien, quand le Mal est beau C'est quelquefois rien, c'est quelquefois trop La mélancolie C'est voir dans la pluie, le sourire du vent Et dans l'éclaircie la gueule du printemps C'est dans les soucis, voir qu'la fleur des champs La mélancolie C'est regarder l'eau d'un dernier regard Et faire la peau au divin hasard Et rentrer penaud, et rentrer peinard C'est avoir le noir, sans savoir très bien Ce qu'il faudrait voir entre loup et chien C'est un désespoir qu'a pas les moyens La mélancolie La mélancolie