Extrait de la lettre que Julos Beaucarne écrivit Dans la nuit du 2 au 3 février 1975 Après la mort de sa femme Assassinée par un homme devenu fou Amis bien aimés Ma Loulou est partie pour le pays de l'envers du décor Un homme lui a donné neuf coups de poignards dans sa peau douce C'est la société qui est malade Il nous faut la remettre d'aplomb et d'équerre Par l'amour, et l'amitié, et la persuasion Sans vous commander Je vous demande d'aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches Le monde est une triste boutique Les coeurs purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir Il faut reboiser l'âme humaine Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses On doit manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller en paradis Ah, comme j'aimerais qu'il y ait un paradis Comme ce serait doux les retrouvailles En attendant, à vous autres, mes amis de l'ici-bas Face à ce qui m'arrive, je prends la liberté Moi qui ne suis qu'un histrion, qu'un batteur de planches Qu'un comédien qui fait du rêve avec du vent Je prends la liberté de vous écrire Pour vous dire ce à quoi je pense aujourd'hui Je pense de toutes mes forces Qu'il faut s'aimer à tort et à travers Je pense de toutes mes forces Qu'il faut s'aimer à tort et à travers