En souvenir de nos amours En souvenir de ces instants Qui dans nos doigts fichèrent le camp En passant le pont Caulaincourt Ma reine des bois de Clichy Mon adagio, ô ma ballade J'écoute cet air d'Albinoni Sur lequel nous fîmes la malle Sur lequel nous fîmes la malle Elle avait un air de catin Elle avait un air de famille Peut-être l'était-elle un brin Peut-être même était-elle pire Elle était bête comme un chou Elle était belle comme un navire J'en étais, je le crois, très fou Moi, elle me donnait du délire Son visage couleur de Noël S'extasiait, c'était une enfant Il ne lui manquait que des ailes Pour être un ange, apparemment Mais elle était tellement friponne Et je n'y voyais que du feu En vérité, je m'y noyais Dans l'étang violet de ses yeux Dans l'étang violet de ses yeux C'était de ces folles amours De ces béguins à bon marché Qui ne devraient durer qu'un jour Mais qu'on fait durer des années Si nous fûmes amants par hasard Ce fut en pleine déraison Car trop s'aimer, c'est comme boire Et on se quitta par raison En souvenir de nos amours En souvenir de ces instants Qui dans nos doigts fichèrent le camp En passant le pont Caulaincourt Ma reine des bois de Clichy Mon adagio, ô ma ballade J'écoute cet air d'Albinoni Sur lequel nous fîmes la malle Sur lequel nous fîmes la malle