Encore le même matin Encore le même réveil Seul dans les draps sales, putain Dans les draps sales de mon sommeil Encore rêvé d'mes dents qui tombent Cette fois-ci, y avait aussi des morceaux d'ongles Du sang aussi L'autre fois j'ai vomi du verre pilé Je finirai par me les limer Mais plus tard, plus tard Pour l'instant je tâte ces dents, désunies par le tabac Du bout de ces doigts jaunis par le tabac Je sens cette haleine vieillie par le tabac Sortie par ces lèvres qui veulent plus rien avaler Ou seulement deux, trois fièvres Des canettes ou des pots délavés Dans ces nuits, en chien de fusil Quand mes os apparaissent translucides Et quand mon cœur tape et perce Limpide, limpide, contre ma peau Contre ma peau ♪ Encore les mêmes larmes Et moi je me surprends À les faire tomber sur la cigarette qui crame Je passe mon temps à pleurer n'importe quand Pleurer dans mon lit, pleurer sur les chiottes Pleurer sous la douche Mais surtout pas devant les autres, non Ce serait être salaud Et puis, et puis, y a que les écrivains qui savent rendre ça beau Tout ce que je peux faire C'est passer la journée à brûler comme une braise À brûler comme une braise Le cul vissé sur ma chaise, à faire Ces minables sourires qui puent l'encens Ces sourires jaunes d'arnaqueur, avec toujours ces dents et ces lèvres sans couleurs Et cette langue si sèche collée contre mon palais Collée contre mon palais J'arrive à peine à sortir des râles Je préfère encore tordre mon visage pâle Me racler la gorge et déglutir dans la grille de l'évier mes crachats noirs, mes soupirs Et puis me regarder dans la glace Me tâter la gueule, me tâter les gencives Je voudrais me casser la gueule, me casser les gencives Pour secouer, secouer le sac à geindre que je suis ♪ Si ça s'évapore pour rejoindre le néant Si ça devient tout, si ça devient doux C'est le temps, le temps seul qui finit par le dire Une relation, c'est un potentiel Laissé à l'avenir Mais pour moi, le ciel s'est posé comme un couvercle D'un simple geste, elle a refermé le cercle Et tout ce qui me reste c'est un empire de vent et de poussière Où l'on ne sait pas rire Où l'on ne connait que la pierre Mais pourquoi est-ce qu'il faudrait encore que je saigne J'me sens déjà suffisamment vidé Il a fallu qu'elle se souvienne qu'elle ne m'aime plus Le seul désir qu'elle m'a laissé C'est dormir avec mon frère ♪ Tout ira bien La douleur vient, la douleur passe On y arrive, même les déchets remontent à la surface On se rend compte que la souffrance vaut toujours mieux que la mort C'est moins définitif aussi Et moi j'ai pas envie, j'ai pas envie, j'ai pas envie J'ai pas envie qu'on trace encore le périmètre de ma vie Il me reste encore quelques kilomètres et quelques envies J'peux encore m'en aller, rouler loin dans les fumées Jusqu'à ce que la voûte devienne bleue Et j'peux encore choper des croûtes, me brûler les yeux À regarder le soleil décliner À regarder le soleil décliner Peut être, peut-être que tu le trouves moche C'est vrai qu'on y trouve que de la cendre, que de la roche N'empêche qu'il m'reste encore mon empire de vent et poussière qui n'est pas à vendre J'y suis roi et j'y dors et j'y suis tellement fier Le cul posé dans le froid sur mon trône de pierre Même que j'm'y balade encore Libre, libre et la bite à l'air Même que j'm'y balade encore, encore, encore Libre et la bite en l'air