Ma mémoire joue sur les reflets Des étoiles mortes au firmament, Des regards aveugles et muets Dans l'immobilité du temps. L'aubépine se prend pour la rose Et l'idiot devient Président, Les naïades se métamorphosent Mais le passé reste au présent. On n'oublie jamais nos secrets d'enfant, On n'oublie jamais nos violents tourments, L'instituteur qui nous coursait, Sa blouse tachée de sang. On n'oublie jamais Nos secrets d'enfant. Les lueurs des rêves enfantins Dans leur transparence édulcore Les derniers soleils du matin Sur les frissons bleus de nos corps. C'est le lent crépuscule d'automne Sous la pluie des mortes saisons, C'est la cloche des lundis qui sonne Les heures de la désolation. On n'oublie jamais nos secrets d'enfant, On n'oublie jamais nos violents tourments, L'instituteur qui nous coursait, Sa blouse tachée de sang. On n'oublie jamais Nos secrets d'enfant. "Au commencement était le verbe, Intransitif et déroutant, Venu des profondeurs acerbes Et noires des gargarismes d'enfants. Les rugissements de l'Univers Dans les cours de récréation écorchaient les pieds de mes vers Pointus sous les humiliations. On n'oublie jamais les secrets, on n'oublie jamais les tourments, L'instituteur qui nous coursait, sa blouse tachée de sang... On n'oublie jamais les secrets, on n'oublie jamais les tourments, L'instituteur qui nous coursait, sa blouse tachée de sang!"