Elle dort au milieu des serpents Sous la tonnelle près des marais Les yeux au-delà des diamants Qu'elle a incrustés dans ses plaies Elle dit c'est pas St Augustin Qui joue du violon dans les bois & Paginini encore moins ça semble étrange mais je la crois J'ai rien entendu par ici Depuis des siècles et ma mémoire Au fil des brouillards et des nuits Se perd dans les ombres du soir Là-bas, plus loin coule une rivière Qui nous sert de démarcation Enfin j'veux dire pendant les guerres Quand on a une occupation Les spectres des morts lumineux Se promènent la nuit sous les saules Et ceux qu'oublient de faire un voeux En perdent soudain leur self contrôle On les r'trouve collés à la pluie Depuis des siècles et ma mémoire Au fil des brouillards et des nuits Se perd dans les ombres du soir J'ai vu pas mal de filles tomber Souvent là-bas du haut du pont Et faire semblant de se noyer En chevauchant leurs illusions Elle, elle me fixe tendrement Elle caresse un aspic et dit Rien vu de tel depuis longtemps Oh non, rien de tel, mon ami Pas vu de telles orgies ici Depuis des siècles et ma mémoire Au fil des brouillards et des nuits Se perd dans les ombres du soir Au souffle brumeux des vipères Elle me montre du doigt la sphaigne Où tritons, salamandres en guerre Se battent au milieu des châtaignes Tu sais déjà me murmure-t-elle Qu'il faut séduire pour mieux détruire Et dans un geste et des bruits d'ailes Elle disparaît dans un sourire Puis elle revient et me poursuit Depuis des siècles et ma mémoire Au fil des brouillards et des nuits Se perd dans les ombres du soir Hm... elle joue avec ses serpents Sous la tonnelle près de marais Mais ses visions ne durent qu'un temps Et le le temps lui--même disparaît Les heures se courbent dans l'espace Et tournent autour d'un monde ancien Où les lunes s'estompent et s'effacent En glissant sur un flux sans fin D'aucuns en cherchent la sortie Depuis des siècles et ma mémoire Au fil des brouillards et des nuits Se perd dans les ombres du soir