L'étranger, l'étranger, l'étranger J'entre dans la danse, des scalps sous votre apparence En crachant le galbe des mots jusqu'à en perdre connaissance Je n'ai pas l'échine souple et un certain handicap à vous soumettre Peut-être suis-je comme Ferré ni dieu ni maître Prisonnier de ce bocal, je ne vois même plus l'océan La plupart des psy consultés m'appellent le déviant Seul comme un chien sur la tombe d'une vie qui s'étiole Je gémis, entendu seulement par les vents de la nécropole Je ne reconnais plus mes congénères même à la souche Avachis dans leurs petites vies, un anus à la place de la bouche Le sapiens civilisé m'apparaît flou, je me recroqueville loin de nous Je ne suis pas de chez vous L'étranger, l'étranger, l'étranger L'étranger, l'étranger, l'étranger Mes cheveux se dressent à la vue des pantins Je sors des chapeaux de la gueule des lapins Au-dessus de la surface, mon exil est dans chaque syllabe Dans l'éternel ostracisme, mes cils transpirent de sel Je ne veux plus vivre dans cette étoffe qui oxyde Un jour, vous ne retrouverez de moi qu'une enveloppe translucide En silence, je pense mes plaies en me recueillant Inquiet de ne pas avoir de nouvelles de Dieu depuis 30 ans Je ne suis pas l'homme moderne toute option en série Fabriqué dans l'usine human global industry Vos vies figées dans les affres de la conformité Me rendent absent d'un monde dans lequel je ne suis pas agréé L'étranger, l'étranger, l'étranger L'étranger, l'étranger, l'étranger J'inquiète vos certitudes puisque moi J'ai du ciel dans les yeux, des oiseaux dans la voix Prophète d'une improbable révolte Ecorché, Mon insurrection se nourrit de peines incandescentes Je me croise sans me reconnaître dans des rues vidées de sens Dans l'abominable ventre de nos viles existences Suspendu dans le vide, je m'invente une vie pour rester debout Sans trahir mes tourments et ses tumultes remous Sans racines, je me sens comme un touriste dans vos clapiers Un déporté asphyxié par vos sombres gémissements Je dois m'envoler loin derrière l'écume Si je bats des ailes fort, peut-être qu'un gamin ramassera ma plume