Et souvent de leurs voix déchirées par le vent On ne perçoit que des lambeaux Qui ne sècheront jamais Des guenilles sonores suspendues dans la pluie Et qui flottent Que le soleil ruisselle dans la nuit du temps Ce qui est resté, c'est ce qui a tenu C'est tout Rien ne dit que ce soit l'essentiel Ce n'est que le chanceux Ce qui reste ne vaut pas mieux que ce qui fuit Tout d'ailleurs aurait dû disparaître Souvent de leurs yeux d'alambic On ne perçoit que le flot Ces grands yeux bleus de guirlandes électriques On dirait qu'ils sont fous Mais ce n'est qu'un reflet de nous Tour à tour vent, pluie, cailloux Leurs corps se meuvent d'une lenteur légère S'ébrouer leur prendra plusieurs millénaires Rien ne dit que ce qui est avant N'est pas aussi après Eux savent qu'il n'y a rien de tout ça Rien ne dit qu'il y ait du vrai, du faux Du haut, du bas ♪ Tu vois toi un corbeau accroché au clocher de l'église Où les feuilles bavardent, où un frisson furtif Qui glisse sous ma chemise Moi je suis comme aveugle, j'entends Quand ils chantent, c'est un charivari Quand ils chuchotent J'ai l'impression qu'ils beuglent Rien ne dit qu'ils doivent se taire Et rien ne dit que dans leurs nuits austères Ne se déroulent pas des fêtes folles Et des ivresses Même si leurs bouches sont fermées à l'alcool Et la tendresse même Même s'ils ne connaissent pas notre sorte d'amour Ils boivent l'infinie tendresse du sol L'infinie tendresse du sol Tout me dit qu'il faudrait que je cesse De chercher un salut dans le corps des femmes Encore moins dans leurs âmes Tout me dit que les mondes sont fragiles Que dehors est dedans Et que nos solitudes stériles sont pour toujours peuplées D'innombrables alliés de pierre ♪ Mes rochers sont domiciles