Je l'avais, je l'avais vissée dans l'âme L'existence possible d'une vie rêvée D'avoir trop regardé peut-être Autour du phare du four Monter les vagues et les lames Qui menacent, qui entourent, qui embrassent Sans jamais l'engloutir Le phare, fétu de pierre Et qui mystérieusement l'épargnent Par pure bonne volonté et un rien de mépris Dans l'écume en furie, moi je voyais des femmes Des éclats frais de rires pour ma nuque en brasier Des bonheurs fugitifs comme il passe dans la rue La nuit, l'été volets fermés Presque des cris d'enfants tellement inoffensifs Ou ceux des hirondelles du soir Le gazouillis des grands espoirs Le bruit de l'intense Le dérisoire volé au vif de l'existence Juste avant le prochain déboire Je l'avais, je l'avais L'apparition possible d'une femme adorée Dans la magie des jupes Elles ondulaient, moi j'adulais Les signes qui me prenaient pour cibles Éternel cœur crevé volontaire de flèches empoisonnées Et d'autres plaies encore plus profondes et plus larges Qui laissent voir les tripes et des mondes parallèles Où les choses ont une voix, et même parfois des ailes Où tout va sans effort vers cette étrange osmose Qui en a fait plus d'un sombrer dans la cirrhose Moi je veux l'insolence sereine des revenus de tout Du marin à l'œil pâle, au regard d'horizon La peau couleur de roc Les rides du sourire en rigole pour les larmes Il sait que par grand vent La verticale n'est pas l'équilibre Le sobre n'est pas le lucide Et le visible est toujours incertain D'ici l'indicible n'est jamais très loin