Tant d'couz' qu'il vente ou pleuve, courent tous tant qu'ils peuvent Puis haletants croulent sous les feux du parcours durant l'épreuve On est deux mon amour, et l'amour chante et rit On se fait des vœux fébriles épris de légendes Rêvant de roses sans épines De mots sans les pires, de noces sans le dire De gosses dans l'idylle, sans doute comme tous Mais à la mort du jour Le carrosse se change en fruit, on trouve ce qu'on cherchait pas Ce qu'on pouvait pas enfouir, ce qu'on voulait croire enfui Et dans les draps de l'ennui on se retrouve seul Pour des causes vaines, tant de grosses guerres De gosse qu'j'berne, qui devant mon poster se prosternent Finissent à l'aube terne dans une fosse pleine Parce dans nos hautes sphères personne n'ose perdre On est dix à défendre les vivants par des morts Maintenant j'observe, les jours se lèvent et je doute Mon cœur se serre à l'heure où leur pleurs me cernent Je suis que le serf d'un leurre, je sais que les leurs saignent Que sur les tombes les fleurs sèchent Clouées par leurs cendres aux poteaux du remord On se retrouve seul On est cent qui dansons au bal des bons copains On a rien de commun, mais on se sent moins con Quand on rencontre plein Quand on étreint quelqu'un même s'il n'est rien qu'une ombre Qu'on est dans les calepins quitte à n'être qu'un nom Parce que pour les uns d'entre tous les types On est qu'un autre alors on fait comme si Et à force ça pèse plus tellement On se regarde pas dans les yeux pour pas y voir la raison C'est comme ça qu'on se dupe mutuellement Mais au dernier lampion, mais au premier chagrin Les choses redeviennent les choses On se retrouve seul Quand du sang de bleusaille trempe le champ de bataille Ils tissent les gens de médailles C'est quand l'espoir de voir la morale Sauvée est à ras le sol C'est quand tout se précipite Ce n'est qu'entre cris et tirs qu'on discerne qui est qui Même si On est mille contre mille à se croire les plus forts Et qu'on se félicite, loin de l'innocence On jubile devant des missiles dont on se sait les cibles Personne n'y pense, j'crois qu'on se plaît ici Mais à l'heure imbécile où ça fait deux mille morts On ne s'avère ni dur ni fort, tout se paie ainsi On se retrouve seul En train de fuir leurs terres question de survie Deux mille ans d'histoire dans leurs bagages Les complaintes de ceux qui ne peuvent suivre dans le cœur Ils vivent l'enfer de l'exil comme le firent nos pères Pour qu'on puisse vivre libres ici Espérant revenir à terme, ils savent que ce sera difficile Ils se signent et retrouvent la foi Ôtant leur chapeau devant le drapeau de ce pays Pendant que leur sort se pérennise Sur le sol d'une église, amnésiques On est des millions à rire du million qui est en face Mais deux millions de rires n'empêchent Que dans la glace on se retrouve seul Le monde se lâchant la main sur lui seul Souffle le vent sous mes ailes, me porte aux nues, ainsi On est mille à s'asseoir sur le sommet de la fortune Y être c'est oublier qu'hier les miens m'y ont aidé Piètre fin que de ne plus voir en eux que des serpents Quand ils disent m'aimer, de mon point de vue je songe J'oublie que la crasse des coins de rues ronge Que des gens perdus plongent parce que Le partage n'est pas ma vertu Ce monde est à moi, et un monde à soi On le dessine au gré de sa plume Mais dans la peur de voir tout fondre sous la lune On se retrouve seul On est cent que la gloire invite sans raison Je foule ces terres de houlés rêves Cette contrée mère de tous les fiels J'en goûte le miel même si de leur corps me blâment De trouver sans chercher S'ils savaient dans les décombres de mon âme Combien je cherche sans trouver Mais quand meurt le hasard Les foules s'apaisent Couvant la braise pour le prochain À qui le jour s'adresse S'ils savaient le goût que ça me laisse Quand finit la chanson Entre l'amour des notes et ces feuilles de fautes Qui s'étendent en masse C'est qu'une attente lasse On se retrouve seul Tous m'acclament jusqu'au dernier homme Pourtant le doute m'accable, jouant sous la table J'ai gagné les lauriers et le trône maniant le flou, l'arcane La noblesse du premier rôle, tout ça n'est que de la fable Sourire doux d'enfant Je n'ai eu que des sourires tout tendant à rendre Quand je me retourne ça me navre Mon nom dans les livres d'histoire J'ai fait vivre cet espoir J'y serai sous un jour macabre j'ai eu le vice d'y croire On est dix à coucher dans le lit de la puissance Mais devant ces armées qui s'enterrent en silence On se retrouve seul À l'heure où le quotidien se fait de détails Rien ne nous appartient plus Ni ces mains ridées Ni la moindre idée de lendemain Les lumières de nos destins liés cessant de briller On attend, je voudrais me lever le cœur encore jeune Et peut être si il y a le temps revoir le ciel de Juillet Mais au bout du rouleau il y en a marre de prier On y arrive sans comprendre Le monde change sans nous Et bien avant qu'on le sente vient le moment de se rendre On est deux à vieillir contre le temps qui cogne Mais lorsqu'on voit venir en riant la charogne On se retrouve seul