Pépère Moïse, mémère Agnès C'était dans l'temps de ma jeunesse On allait tous les jours de l'An Leur dire nos beaux p'tits compliments On arrivait, toute la famille Le père, la mère, les dix enfants Et on entrait tous à la file Y a donc d'la place au jour de l'An Après, c'était le bal Qu'a chanté Filion Le grand bal de la parenté Quand tout l'monde était arrivé Y avait le mononcle des États Qui callait les sets en anglais La matante qui jouait au piano L'Ave Maria de Gounod Puis y avait moi et mon enfance Et l'enfance qui revient jamais Pépère Moïse, mémère Agnès C'était dans l'temps de leur vieillesse La vie s'achève doucement Pour les grands-pères, les grand-mamans On les entoure de tendresse On fait comme si de rien n'était Mais c'est autour d'eux qu'on s'empresse Y seront p't-être pas là l'an prochain Y dansent encore la gigue Mais ça dure pas longtemps C'est rien que pour nous faire plaisir Après ça, tout l'monde est content Et puis le bal se continue Sur le prélart ciré du salon Avec les mononcles, les matantes Qui dansent au son de l'accordéon Ça vous fait tout un happening Comme on n'en reverra plus jamais Pépère Moïse, mémère Agnès C'était dans l'temps de l'allégresse On n'avait pas besoin de bébelles Pour être heureux la veille de Noël Avec deux pommes et une orange On entendait chanter les anges Gloire à Dieu, au plus haut des cieux Et sur la Terre, faites vos jeux C'était comme une serre chaude Au cœur des longs hivers Un abri contre la frayeur Quand v'nait le soir et la noirceur Et quand il fallait se quitter C'était comme si c'était pas vrai Chacun allait de son côté Je me demandais où c' qu'on s'en allait On s'en allait tous vers la vie Et pour la vie qui revient jamais