Elle n'avait pas de parents Puisqu'elle était orpheline Comme elle n'avait pas d'argent Ce n'était pas une richissime Elle eut c'pendant des parents Mais ils ne l'avaient pas reconnue Si bien que la pauvre enfant On la surnomma l'inconnue Elle vendait des cartes postales Puis aussi des crayons Car sa destinée fatale C'était d'vendre des crayons Elle disait aux gens d'la rue "Voulez-vous des crayons?" Mais reconnaissant l'inconnue Ils disaient toujours "non" C'est ce qu'est triste C'est triste quand même de n'pas reconnaître son enfant Il faut pas être physionomiste Il m'semble que si j'avais un enfant, moi je le reconnaîtrais À condition qu'il me ressemble naturellement C'était rue d'Ménilmontant Qu'elle étalait son petit panier Pour attirer les clients Elle remuait un peu son panier Mais un jour, un vagabond Qui passait auprès d'son panier Lui a pris tous ses crayons Alors, elle s'est mise à crier "Voulez-vous des cartes postales? Je n'ai plus de crayons" Mais les gens, chose banale N'voulaient plus qu'des crayons Quand elle disait dans la rue Qu'elle avait des crayons? Ils disaient à l'inconnue "Tes crayons sont pas bons" C'est ce qu'est triste C'est triste quand même, elle avait plus d'crayons Forcément, elle s'baladait avec son panier à découvert, n'est-ce pas? Alors l'vagabond, lui, bon, allez, bon, allez, hop Il lui a pris tous ses crayons, comme ça elle n'en avait plus C'est vrai qu'elle n'en avait pas besoin puisqu'elle n'en vendait jamais Mais quand même Un marchand d'crayons en gros Lui dit "viens chez moi, mon enfant Je t'en ferai voir des beaux Je n'te demanderai pas d'argent" Ce fut un drôle de marché Car c'était un drôle de marchand Et elle l'a senti passer Car elle en a eu un enfant C'est triste ça quand même d'abuser d'une inconnue comme ça C'est vrai qu'elle a été faible aussi C'est pas parce qu'il disait qu'il avait un... Qu'il était marchand de crayon en gros, que... Enfin, elle avait un enfant, voilà elle avait bonne mine Si seulement elle avait eu une mine de crayon Mais non, mais c'est ce qui la minait Alors quand elle a vu ça, elle a abandonné son enfant Et qu'est-ce qu'elle a fait plus tard, cette enfant? Elle vendait des cartes postales Puis aussi des crayons Car sa destinée fatale C'était d'vendre des crayons Elle disait aux gens d'la rue "Voulez-vous des crayons?" Mais reconnaissant l'inconnue Ils disaient toujours "non" C'est ce qu'est triste