L'accordéon s'est tu dans le pays des mines Sans l'alcool de l'oubli, le café n'est pas bon La colère a le goût sauvage du charbon Te souviens-tu des yeux immenses des gamines? Te souviens-tu des yeux immenses des gamines? "Adieu", disent-ils, les mineurs dépossédés "Adieu", disent-ils, et dans le coeur du silence Un mouchoir de feu leur répond "Adieu, c'est Lens" Où des joueurs de fer ont renversé leurs dés Où des joueurs de fer ont renversé leurs dés Était-ce ici qu'ils ont vécu, dans ce désert Ni le lit de l'amour dans le logis mesquin Ni l'ombre que berçait l'air du Petit Quinquin Rien n'est à eux, ni le travail ni la misère Rien n'est à eux, ni le travail ni la misère Ils s'en iront, puisqu'on les chasse ils s'en iront C'est fini, les enfants qu'on lave à la fontaine Tandis que chante sous un ciel tissé d'antennes La radio des bricoleurs dans les corons La radio des bricoleurs dans les corons Ils n'iront plus, le soir, danser à la ducasse L'anthracite s'éteint aux pores de leur peau Ils n'allumeront plus la lampe à leur chapeau Ils s'en iront, ils s'en iront puisqu'on les chasse Ils s'en iront, ils s'en iront puisqu'on les chasse Est-ce Hénin-Liétard ou Noyelles-Godault Courrières-les-Morts, Montigny-en-Gohelle? Noms de grisou, puits de fureur, terres cruelles Qui portent, çà et là, des veuves sur leurs dos Qui portent, çà et là, des veuves sur leurs dos L'accordéon s'est tu dans le pays des mines Sans l'alcool de l'oubli, le café n'est pas bon La colère a le goût sauvage du charbon Te souviens-tu des yeux immenses des gamines? Te souviens-tu des yeux immenses des gamines?