Comme un aveugle s'en allant vers les frontières Dans les bruits de la ville assaillie par le soir J'inscris ici ton nom hors des deuils anonymes Où tant d'amantes ont sombré corps âme et biens Pour perpétuer un soir où dépouilles ultimes Nous jetions tels des os nos souvenirs aux chiens Et je dresse aujourd'hui ton visage et ton rire Tes yeux bouleversants ta gorge et tes parfums Afin que si le tour des autres amoureuses Venait avant le mien de s'abîmer tu sois Et l'accueillante et l'illusoire et l'égareuse La soeur des mes chagrins et la flamme à mes doigts La soeur des mes chagrins et la flamme à mes doigts Car la route se brise au bord des précipices Je sens venir les temps où mourront les amis Et les amantes d'autrefois et d'aujourd'hui Voici venir les jours de crêpe et d'artifice Voici venir les jours où les oeuvres sont vaines Où nul bientôt ne comprendra ces mots écrits Mais je bois goulûment les larmes de nos peines Quitte à briser mon verre à l'écho de tes cris Je bois joyeusement faisant claquer ma langue Le vin tonique et mâle et j'invite au festin Tous ceux-là que j'aimai. Ayant brisé leur cangue Qu'ils viennent partager mon rêve et mon butin Qu'ils viennent partager mon rêve et mon butin Buvons joyeusement chantons jusqu'à l'ivresse Nos mains ensanglantées aux tessons des bouteilles Demain ne pourront plus étreindre nos maîtresses Les verrous sont poussés au pays des merveilles Les verrous sont poussés au pays des merveilles Et j'invite au festin tous ceux-là que j'aimais Tous ceux-là que j'aimais