Les chevaux de l'amour me parlent de rencontres Qu'ils font en revenant par des chemins déserts Une femme inconnue les arrête et les baigne D'un regard douloureux, tout chargé de forêts Méfie-toi, disent-ils, sa tristesse est la nôtre Et pour avoir aimé une telle douleur Tu ne marcheras plus tête nue sous les branches Sans savoir que le poids de la vie est sur toi Mais je marche et je sais que tes mains me répondent Ô femme, dans le clair prétexte des bourgeons Et que tu n'attends pas que les fibres se soudent Pour, amoureusement, y graver nos prénoms Tu roules sous tes doigts, comme des pommes vertes De soleil en soleil, les joues grises du temps Et poses sur les yeux fatigués des villages La bonne taie d'un long sommeil de bois dormant Montre tes seins, que je voie vivre en pleine neige La bête des glaciers qui porte sur le front Le double anneau du jour et la douceur de n'être Qu'une bête aux yeux doux dont on touche le fond Telle tu m'apparais que mon amour figure Un arbre descendu dans le chaud de l'été Comme une tentation adorable qui dure Le temps d'une seconde et d'une éternité Les chevaux de l'amour me parlent de rencontres Qu'ils font en revenant par des chemins déserts