Quand je t'attendais dans ce bar La nuit, parmi des buveurs ivres Qui ricanaient pour avoir l'air de rire Il me semblait que tu arrivais tard Et que quelqu'un te suivait dans la rue Je te voyais te retourner avant d'entrer Tu avais peur, tu refermais la porte Et ton ombre restait dehors, c'était elle qui te suivait Ton ombre est toujours dans la rue Près du bar où je t'ai si souvent attendue Mais tu es morte et ton ombre, depuis Ton ombre est toujours à la porte Quand je m'en vais, c'est moi à présent qu'elle suit Craintivement, comme une bête Si je m'arrête, elle s'arrête, si je lui parle, elle s'enfuit Ton ombre est toujours dans la rue Tu n'étais qu'une fille des rues, qu'une innocente prostituée Dans le quartier de Whitechapel La nuit que je t'ai rencontrée Tu étais lasse et triste, comme les filles de Londres Tes cheveux conservaient une odeur de brouillard Et, lorsqu'ils te voyaient à la porte des bars Les dockers ivres t'insultaient Ou t'escortaient dans la rue sombre Ton ombre est toujours dans la rue Près du bar où je t'ai si souvent attendue Mais tu es morte et ton ombre, depuis Ton ombre est toujours à la porte Quand je m'en vais, c'est moi à présent qu'elle suit Craintivement, comme une bête Si je m'arrête, elle s'arrête, si je lui parle, elle s'enfuit Ton ombre est toujours dans la rue Ce n'est pas toi, ce n'est pas toi, c'est tout ce que tu me rappelles Comme j'étais triste, avant de te connaître Où me portaient mes pas, c'était la même histoire J'allais toujours vers les sifflets des trains Sur un grand boulevard trouble et peuplé de fantômes Là, j'attendais je ne sais qui, je ne sais quoi Mais les trains passaient en hurlant Et cette attente avait l'air d'un départ Ton ombre est toujours dans la rue Près du bar où je t'ai si souvent attendue Mais tu es morte et ton ombre, depuis Ton ombre est toujours à la porte Quand je m'en vais, c'est moi à présent qu'elle suit Craintivement, comme une bête Si je m'arrête, elle s'arrête, si je lui parle, elle s'enfuit Ton ombre est toujours dans la rue La ronde des ombres de la nuit tourne infatigablement Avec ses voyous et ses filles Ces marlous aux chandails humides Et le vent qui chasse la pluie Les globes des hôtels meublés Ces bars où grincent les fenaux Me jetant quelquefois, par la porte Comme l'appel d'une voix morte Ton ombre est toujours dans la rue Près du bar où je t'ai si souvent attendue Mais tu es morte et ton ombre, depuis Ton ombre est toujours à la porte Quand je m'en vais, c'est moi à présent qu'elle suit Craintivement, comme une bête Si je m'arrête, elle s'arrête, si je lui parle, elle s'enfuit Ton ombre est toujours dans la rue Comme l'appel d'une voix morte L'appel d'une voix morte