Il est monté à son échelle Les mêmes gestes que la veille Après les lions, les éléphants Semblables et toujours différents Muscles tendus, plus un soupir D'une barre à l'autre dans un sourire Tendre les bras aux rayons blancs A sa partenaire qui l'attend Tout de s'élancer vers l'arrière Comme enroulé dans la lumière La rattraper in extremis Comme au dessus d'un précipice Il entend les bravos qui claquent Tel est le salaire du spectacle Qu'hier, ce soir, après demain Sa partenaire au bout des mains La rattraper dans le grand vide Toujours stressé, toujours lucide Et voir avec satisfaction Qu'elle a repris sa position Il se balance, il se balance A quoi il rêve, à quoi il pense S'il se jette encore une fois Il a fini une fois Aucun filet ne l'attendait Quand s'est décroché le rivet La foule a criée sa surprise Avant que son corps ne se brise Les clowns se sont précipités Pour le sauver, pour l'emporter Très vite les pompiers de service Et la stupeur dans les coulisses Et la stupeur dans les coulisses L'orchestre a repris la musique Ne jamais laissé au public Ce sentiment de l'imprévu Car le spectacle continu Telle est la loi de nos destins Chacun l'a pleuré dans son coin En ce lundi après-midi Le cirque boudrias à Paris Viva la mort d'un trapéziste Parce que c'est encore être artiste Que de mourir en bout de piste Tombé du ciel par accident Viva l'amour au nom du cirque La mort des hommes en magnifique Quand elle fait prendre tous les risques Pour faire applaudir un enfant