Il a mis dans sa valise Une poignée de vieux souvenirs, Et la plus grosse bêtise Qui l'a toujours fait souffrir. Puis il est parti très vite, Il n'a pas refermé la porte, Il n'a pas eu besoin de cuite Pour dire bonjour aux années mortes. En chemin, il a croisé Un soldat partant à la guerre, Une femme abandonnée, Un enfant qui cherchait son père. Et il s'est revu là-bas, Traînant dans les rues du faubourg. Il faut dire qu'en ce temps-là, Chantait pas des chansons d'amour. Il s'en va, il s'en va. Il ne sait pas où il va, Mais il marche toujours au pas. Et le voilà maintenant Qui se rencontre adolescent. A l'époque il vit sa vie, Y a plein de rimes, peu de raison. Il n'a pas su garder la fille Qui savait calmer ses passions. On ne crée pas de famille, Derrière les grilles d'une prison. Il s'en va, il s'en va. Il ne sait pas où il va, Mais il marche toujours au pas. Il regrette les moments Où il se balançait dans le ciel. Il savourait ces instants Comme une tranche d'iréel. Même, même si dans la campagne, Il n'y avait plus de chants d'oiseaux, Même si pour la montagne Fallait qu'il se batte au couteau. Il s'en va, il s'en va. Il ne sait pas où il va, Mais il marche toujours au pas. Il a mis dans sa valise Une poignée de vieux souvenirs, Et la plus grosse bêtise Qui l'a toujours fait souffrir. Le chemin qui reste à faire Brille des mille feux de l'oubli. Il est seul au grand concert Du voyage au fond de sa vie. Il s'en va...