De jour en jour, je peux sentir mes forces m'abandonner. Barricadé entre le passé et l'avenir, Entre la haine et la logique du pire. J'ai fait le deuil d'une existence indolore, Des révoltes sans contrepartie. J'ai fait le deuil de nos boites de pandore, D'être autre chose qu'un consommateur. Coups après coups, je me suis fait à l'idée Sans retourner de stigmate. On s'infligera le calvaire, comme tout le monde, tous les jours, Pour se payer une vie d'automate. Est-ce qu'on a fait semblant de rattraper le temps perdu? Pour quel horizon sordide on s'est battu? La léthargie de nos luttes en quarantaine? La promesse d'un futur un peu moins obscène s'envole sans nous. Que deviennent nos nuits blanches à l'épilogue de la jeunesse? Malgré les preuves qui nous accablent et nos joutes en état d'ivresse, Nos angles morts nous protègeront du châtiment de la vérité. Que devient l'orgueil au crépuscule de nos mensonges? Sans résistance, les yeux vidés par les remords qui nous rongent, On apprendra à entretenir les moindres dépendances à nos chaines, La corde au cou, peu importe où ça nous mène. Dans le néant de nos âmes chétives, on s'égare En se répétant que jusqu'ici tout va bien. On a choisi de se perdre, dans de faux dilemmes cornéliens Entre le poids du silence et le vertige du lendemain.