Tu Te Lèveras Tôt Tu mettras ton capot Et tu iras dehors... L'arbre dans ta ruelle Le bonhomme dans le port Les yeux des demoiselles Et le bébé qui dort, C'est à toi tout cela. Tu toucheras la terre La mer porteuse d'îles Tu verras les bateaux, La barrière et le moine Le château et le pont Et tous les champs d'avoine C'est ton pays... Et tu rentreras lourd Pour avoir fait le tour De ce qui est à toi Tu diras à ta mère Que l'horizon est clair Et elle sera fière D'être de ce pays-là... Y'a le comté des pommes Celui des pêcheries Et des bêtes de somme L'autre des flâneries Y'a le moulin à scie Le facteur, le voleur La politique, La neige et les couleurs C'est à toi, tout cela... Y'a les faiseurs de chaises, Les faiseurs de chaloupes Et les faiseurs de pain... Et les faiseurs de rien, Y'a les retardataires, Les mariages, les colères Les grands-mères aussi Et les cordonneries, C'est ton pays... Les cloches dans les clochers, Les quatre-vingt comtés, Les cinquante mille écoles, Et l'or dessous le sol Les villes qui commencent Celles qui continuent Avec toi par dessus Et les siècles qui naissent Au fond des nues... Tu te lèveras tôt Tu mettras ton capot Et tu iras dehors... Pâques 1958 Editions Tutti et Archibault