Rentre dans un bar au hasard, un rade crasseux jauni à la Gauloise
Les discussions s'arrêtent, une assemblée de poivrasses me toise
Accoudés au comptoir, plus de six bières au compteur
Cette grosse brochette de nases me prennent peut-être pour un steak
On entend les mouches voler, les blattes caner de leurs métastases
Direct je rodave qu'ils vont me chercher des noises
Je me dirige vers le jukebox attifé de néons bleus et roses
Et soudoie sa fente de catin contre un air de jazz
J'installe ma grande carcasse au-dessus du ruban de zinc auréolé
Avec l'intuition et l'impression que la situation va devenir olé-olé
Le gilet noir qui porte qui porte sans doute le deuil de son amabilité
Se dirige vers moi et me demande sèchement ce que je désire ingurgiter
Je lui dis: "ferme ton claque-merde et sers-moi un 'sky et des 'cahouètes"
Il me balance une droite qu'avec le cendrier j'arrête
Je saute par-dessus le comptoir tel un Cosmocat
Attrape le magnum de pastis et lui fracasse sur le coin de la gueule
Le larbin pisse le sang et couine sa mère
Tandis que les piliers me reluquent tous de travers
J'espérais que ça serve d'exemple
Mais Moustache, le justicier de service, dit qu'il va me foutre une trempe
Je lui fais: "tire ta mère de là avant que je te foute la gueule comme ton cul"
Le gars ne bluffe pas et me sort sa carte de lardu
Généralement y a le calibre spécial shmiture qui va avec
Mais Moustache est un cow-boy et me braque d'un .357
Ni une ni deux, je sors mon noeud
Et commence à pisser sur sa paire de santiags de rasdep
Il me dit "arrête tout de suite ou je te fais exploiser la tête
Remballe ton engin et enfile donc ces menottes"
Je lui réponds: "minute papillon, faut que je me jette un sky
Je règle l'addition en gentleman et après, promis, on se taille"
Il me dit: "OK, parce que pour toi c'est le dernier avant long time"
Donc j'hésite entre Jiblard et Ballantine's
Ce poivrot s'enfile un jaune cul sec sans l'avoir noyé
Dans deux minutes c'est sa pouliche qui va larmoyer
Il me tient en joue, son regard dans le mien
Tout en me préparant mon jus à une seule main
Me v'là servi, moment choisi pour m'allumer une tige
Le liquide et l'allumette voltigent, le type pige, mais trop tard
Le gus s'enflamme tout en se mettant des gifles, balèze
Je me pâme, récupère son arme et file à l'anglaise
Je prends le métro, XXX le brolique dans mon fute
Direction l'Assemblée Nationale ou chambre des putes
Là j'escagasse un journaleux d'un coup de crosse dans le tarin
Lui chourave sa carte de presse, ça fera moins de baratin
Je m'installe parmi les parrains dans l'hémicycle
Les dévisage un par un, ça y est, je vais commencer mon cirque
Je me dirige vers l'oratoire pour couper court à leurs discours
Leur président, un bâtard, me demande: "mais, mais... mais qui êtes-vous?"
Un peu de respect fiston, moi je suis ton père
Car sache que ta mère avait une chatte à la place du coeur
Le gus se met à chialer, je lui dis: "piaille pas, connard
Crache donc ta Breit' et ton larfeuille dare-dare"
Le côté gauche du Bâtardodrome rigole de ma vanne crédible
Je leur dis: "finie la rigolade, tout le monde raque et vite"
Je passe dans les rangs récupérer le butin
Et cet hiver ça fera moins de fourrure sur le dos de vos catins
Je tire ma révérence en les gratifiant d'un bras d'honneur
Merci bande de trimards, ce fut un vrai moment de bonheur!
Je sors comme je suis rentré, grâce au passe de l'autre gugusse
Avant de continuer ma journée, je dépose la fraîche à Emmaüs
Pas le temps de dire ouf, me v'là dans le quartier d'affaires
Compagnies pétrolières, chefaillons et autres raclures
Bien décidé à faire les miennes, je rentre dans le building
Prends l'ascenseur: étage du directeur général, bien sûr
Sa secrétaire, à peine vingt-cinq balais, bombe anatomique de qualité supérieure
M'offre une vue plongeante sur un 95D qui me laisse plus que songeur
Mais revenons à nos moutons, petite, appelle-moi le grand patron
Dis-lui qu'il faut qu'on jacte et que j'ai pas son temps pour faire le con
Avec audace elle me répond que Mister Mes-Couilles est occupé
Qu'il faut prendre un rendez-vous, voire même essayer de rappeler
Écoute poulette, t'es bien trop mignonne pour que je t'abîme
Ta jolie petite gueule de starlette, alors remballe tes disquettes, allez hop
J'enferme la princesse dans son nouveau palais
Le bureau du technico de surface: un placard à balais
J'éclate la lourde du boss d'un coup de tatane made in Taïwan
Repose ce phone avant que je t'avoine, Ernest-Antoine
Il bafouille et postillonne son haleine pur malt
Mais ravale sa langue de hyène à la vue de mon Colt
J'appuie sur la détente, la fenêtre part en éclats
Le rond de cuir fait dans son froc et m'ouvre son coffre fissa
La bouche métallique du coffiot s'entrebâille
Dentition anarchique de lingots en bataille
Et ben mon salaud, va falloir passer à la pratique
Remplis le sac à dos car on t'éjecte du cockpit
Sans saisir la métaphore, Oncle Picsou s'exécute
Croyant sauver sa gueule de porc en m'achetant comme une pute
Il me tend le sac plein, quarante kilos d'or en briques
Je lui dis: "garde-le ma gueule, c'est le tien" avec un petit air ironique
Dirige-toi vers la fenêtre que je viens de redécorer
Maow Airlines t'offre ton premier saut en parachute doré
Là-dessus je libère la princesse et lui décerne une galoche
Je m'arrache avant que les poulagas ramènent leur ganache
Sur le parvis je troque la Breitling contre un bicross tuning
Je bifurque au grec, j'ai déjà torché tout mon planning
Un quart d'heure après, je me pose sur un banc parigot
Déglinguant mon sauce samouraï en observant les badauds
Là dessus une jeune fille d'à peine quarante piges me sourit
Je tape un clin d'oeil à Bibiche, le front plissé à la Bacri
En grand prince de la malbouffe, je lui propose de goûter mon 'dwich
Elle refuse et me confie que les grecs, c'est pas son kif
Mais que niveau culinaire, elle est bien plus branchée
Fraises, chantilly et champagne
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