J'suis le peintre assis devant sa toile Qui n'a jamais peint ce qu'il voit Le voile s'envole et puis nous dévoile Ce soir mes sombres étoiles C'était l'hiver quand nous fûmes proches de notre amour posthume L'écume blanche comme s'il neigeait des plumes Elle avait la beauté de l'ange déchu de son piédestal Des atrophies des deux membres ou des rectrices dorsales Que parfois Dieu sanglotait, sanglotait, elle qui me parlait plus Et m'dit d'aller cueillir des plumes Il fait si froid sur Neptune Moi, craignant tant qu'elle s'enrhume J'ai construit un funiculaire ridicule L'air de rien, j'détachais les enclumes M'envolais à travers la brume Pour aller lui cueillir des plumes Mais j'avais tellement le vertige J'm'encourageais, l'air naïf Que de l'autre côté de la dune S'élevaient des rangées de bulles Quand bien même je tombais J'pourrais m'accrocher à la lune Pour aller lui cueillir des plumes Attaqué par des harpies Qui pourchassent les impies À croire que ma présence les importune Elles hurlent d'oublier mon aimée Qui n'est plus qu'un ange damné Et me voler dans les plumes J'atterris sur la surface d'une prairie de nuages Des jardins suspendus par aucune ficelle Les anges gardiens partis des portes du paradis Alors j'en escalade une Je me sens pris de court, je saute et je cours Je vois dans la cour jouer des amours Attrape une brune, lui arrache les plumes Les enfouis dans mon sac et m'enfuis vers le parc Les éclairs qui fuient sont des tasers divins J'entends derrière moi "il est là, haut les mains" Appelle Gabriel, Pierre et Séraphin, il a tourné au coin Sur des voies impénétrables, viens on va le pé-ta La misère, mon pote, est la miséricorde Que les anges oublient, que le diable m'emporte Celui-là, jamais là quand on a besoin de lui Y a que Cupidon qui a un arc et des flèches Les autres ont des haches et puis des arbalètes Je le vois, il est là dans l'arbre, arrête Un ange passe du créateur, créature La branche casse et l'on me capture à terre Pourquoi tu voles à nos mômes les duvets de leurs ailes? J'explique en deux mots pour une demoiselle Et tu crois que c'est pour ça qu'elle t'aime? Les humains, d'où tu viens, sont de vrais phénomènes Vous êtes téléguidés que par des phéromones Ils me donnent un oreiller qui est remplit de plumage Et me dis guerrier la rancœur du dommage Que mon amour est dead et propose qu'on se mette Une race honorable mais si ça peut te rasséréner Viens dans les bars, on va boire des Trois Monts Comme au festin de bal, embrasser les démons Et j'allais payer des whisky Chivas Au patron borgne qui s'était assis là À côté du ventilateur En un clin d'œil de ce cyclope J'comprends que dans l'œil de ce cyclone Il compte déverser ma fortune Et c'est depuis ce temps De ces anges sans rancune Que sur terre il neige des plumes