Maman parle plus fort que d'habitude, ce soir je ne sais pas c'qu'elle a
Elle crie sur papa qui crie aussi et nous on est là
A ne pas savoir quoi faire, savoir où se mettre
On r'garde le fond d'notre verre en espérant disparaître
On n'est jamais allé dans notre chambre aussi vite
On espère que ça va passer par "dépasser les limites"
Puis on entends le ton monter, les verres cassés
A chaque cri, chaque bruit, je sens mon dos se glacer
J'crois qu'cette fois ci, c'est vraiment la bonne
Je n'aperçois pas d'éclaircie, j'aimerais qu'ils se pardonnent
Maman a sorti les valises, faut qu'on s'habille
Moi je n'veux pas choisir entre ma famille et ma famille
Alors j'essaie de m'rassurer en me disant
Qu'la dernière fois ils avaient finis la soirée en riant
Et que demain on ira s'promener tous ensemble
Cueillir des mûres, même si on est en novembre
Et on aura l'sourire, les mains toutes bleues
D'la joie dans les yeux, des épines dans les paumes
Et on aura l'sourire, même si il pleut
Et on s'en souviendra une fois devenu des hommes
Et on aura l'sourire, les mains toutes bleues
D'la joie dans les yeux, des épines dans les paumes
Et on aura l'sourire, même si il pleut
Et si y'a pas d'mûres on ira cueillir des pommes
Maman s'couche plus tôt que d'habitude
Ce soir je ne sais pas c'quelle a
Elle a le regard ailleurs, d'ailleurs sait-elle vraiment qu'elle est là?
Elle a a peine mangé, elle a tout songé
Qui lui a fait du mal? Est-ce-qu'un jour j'pourrais la venger?
Elle ne crie plus, elle a une petite voix frêle
Elle avale des pilules sorties d'une petite boîte verte
Elle a le matin blême, le sourire rare
Elle est plus heureuse dans ses rêves, c'est pour ça qu'elle se lève tard
Alors j'essaie d'la stimuler, j'lui dis "viens on fais la bagarre, je n'ferais que simuler"
Mais je n'sens pas beaucoup, la motivation, qu'on avait quand on faisait les fous après un film d'action
Alors j'essaie de m'rassurer en me disant
Que dimanche prochain on se chamaillera en riant
Et qu'l'après midi on ira tous ensemble
Cueillir des mûres, même si on est en novembre
Et on aura l'sourire, les mains toutes bleues
D'la joie dans les yeux, des épines dans les paumes
Et on aura l'sourire, même si il pleut
Et on s'en souviendra une fois devenu des hommes
Et on aura l'sourire, les mains toutes bleues
D'la joie dans les yeux, des épines dans les paumes
Et on aura l'sourire, même si il pleut
Et si y'a pas d'mûres on ira cueillir des pommes
Maman va beaucoup mieux aujourd'hui maintenant, je sais c'qu'elle avait
Et dire que je ne pensais qu'à m'amuser, je rêvais
Elle sourit de nouveau, n'a plus le regard hagard
Elle sourit de nouveau, mais j'suis trop vieux pour faire la bagarre
On lui a enfin donné des p'tits enfants
Plus ils grandissent et s'épanouissent, plus elle est en forme
Et demain j'espère qu'on ira tous ensemble
Cueillir des mûres, même si on est en novembre
Et il y'aura des mûres et des pommes
Des sourires et des hommes
Et chaque fruit sera la perle qui fera briller les yeux des mômes
Et on verra l'soleil rougir, se divertir
Echaudé d'voir la Terre finir de se dévêtir
Et toutes nos peines tomberont, comme les dernières feuilles
Qu'on pietinera comme des mauvais souvenirs qui nous en veulent
Le coeur léger on s'envolera, on n'en voudra a personne
Car avant l'été, tout l'monde est passé par l'automne
Et on aura ...
Et on aura ...
Et on aura l'sourire, les mains toutes bleues
D'la joie dans les yeux, des épines dans les paumes
Et on aura l'sourire, même si il pleut
Et on s'en souvient parce qu'on est devenu des hommes
Maintenant on a l'sourire, les mains toutes bleues
D'la joie dans les yeux, des épines dans les paumes
Maintenant on a l'sourire, sous un ciel bleu
Et y'a plein d'mûre, on peut en cueillir des tonnes