Regarder-les si fiers au comptoir accoudés Ils boivent en riant Ils finissent leur bière et se mettent à roter On les a vu plus fringants Pourtant vous les verriez au bord de la route Sur les chantiers à gagner leur croute Elles sont calleuses leurs mains comme les gens des ports Ils seront là demain, enfin s'ils ne sont pas morts Et moi je suis dans mon coin à les regarder En jouant de la guitare Quand je regarde mes mains, elles sont lisses à pleurer J'essaie de vivre de mon art Pourtant vous me verriez le soir dans ma chambre À douter, à douter, espérer en surprendre Et pourtant vous me verriez, un stylo à la main À pleurer, à pleurer, que vais-je jouer demain? ♪ À le vieillard tordu on a failli l'oublier Lui qui ne dit plus un mot Il a le regard perdu dans ce qui lui reste de pensée La vie, il nous en fait cadeau Pourtant vous l'auriez vu dans son jeune âge Courir l'ingénue à l'ombre des feuillages Et pourtant vous l'auriez vu en train de rigoler Se dire qu'il n'aura jamais trop vécu, le voilà rassuré ♪ Je crois qu'il se fait tard, il est l'heure de rentrer Je range mon instrument Je vois le patron du bar, les yeux fatigués À qu'ils sont loin ses vingt ans Pourtant vous le verriez guérir les âmes en peine Réparer les coeurs brisés, et calmer les haines Et pourtant vous le verriez rassurer les malheureux Étancher les assoiffés, rassembler les amoureux ♪ Laï-laï-laï-laï, laï-laï-laï-laï-laï Laï-laï-laï-laï-laï-laï-laï-laï-laï Laï-laï-laï-laï, laï-laï-laï-laï-laï Laï-laï-laï-laï-laï-laï-laï-laï-laï