Kerala Les pétales des pavots rouges Volent et s'enroulent A mes pieds nus Ancrés dans une terre Dont je ne connais Aucun des mystères Les vagues de la mer noire Glissent et s'enragent A mes doigts nus Trempant dans cette mer Dans ses pièges et ses revers Et les dunes de sable Que soulève le vent Quand le chameau s'endort Aux traces des hommes morts Dont je ne connais Ni les raisons ni les torts C'est à se demander Où est la réalité Dans ces panoramas Qui viennent et qui vont Suis-je à Panama ou à Cuba En Irlande au Kérala L'horizon est en feu Au bout de mes bras Et la foule des hommes Leurs membres fatigués Qui roule dans les rues De leurs grandes cités Dont je ne connais Ni les ruses ni les secrets Les bâtiments industriels En ruines et désertés A mon regard nu Immobile Dans cette banlieue Dont je ne connais Ni les rouages ni les dieux De ce voyage clandestin Nos corps sont fatigués Comme moi tu es nu Enfin nous savons Nos plaines et nos monts C'est à se demander Où est la réalité Dans ces panoramas Qui viennent et qui vont Suis-je à Panama ou à Cuba En Irlande au Kérala Suis-je à Panama ou à Cuba En Irlande au Kérala L'horizon est en feu Au bout de mes bras Je reviens d'où j'étais parti Qu'importe Je vais où mes muscles vont Mes routes sont des putains Qui dérapent sur leurs escarpins Quand les flics les déportent Sur ce quai providentiel Les yeux secs et vides Comme ces wagons qui défilent Qui s'en vont se courbent Et se brûlent dans cet horizon Mes yeux cherchent le fond Mes yeux cherchent jusqu'où Tourneront les roues Se fondront les écrous C'est à se demander Où est la réalité Dans ces panoramas Qui viennent et qui vont Suis-je à Panama ou à Cuba En Irlande au Kérala Suis-je à Panama ou à Cuba En Irlande au Kérala L'horizon est en feu Au bout de mes bras De mes bras De mes bras De mes bras