Peut-être qu'ils en auront marre Un beau jour, les grands oiseaux blancs De se dépêtrer dans la mare Qu'ils prenaient pour un océan Et qu'ils plongeront par centaines Sur un pétrolier au long cours Pour aller dire au capitaine De faire demi-tour Beau capitaine, mettez les voiles Quittez ce vieux rafiot rouillé Allez donc gagner vos étoiles Sous des fanions moins avariés On ne veut plus battre de l'aile Sur des plages de sable marron Où l'on nous ramasse à la pelle Au pays breton Pitié pour nos petits qui souffrent En essayant de s'envoler Pour se noyer au fond d'un gouffre D'où l'on ne sort que pour crever Prenez garde, mon capitaine Le jour où les cormorans fous Ivres de rage et pleins de haine S'abattront sur vous Ce jour-là, dans les équipages Il y aura des yeux crevés Ce sera le dernier naufrage De vos putains de pétroliers Ce sera la fin de l'histoire Du monde et de ses océans Et l'aube d'une marée noire De quatre mille ans Allons, enfants de la marine Le jour de fuir est arrivé Loin des compagnies qui raffinent La merde où nagent les boursiers On voudrait retrouver nos ailes Et se poser sur des rochers Où les amoureux se rappellent Leurs premiers baisers Leurs premiers baisers