Hauteurs et tourments Louis Capart J'aimais qu'il eût bien plu sur la route au matin Que le ciel fût d'un gris lourd et sans espérance Que ma petite vie dont j'étais le pantin Attendît qu'un soleil fût sa dernière chance. J'aimais qu'un soir d'orage vînt précéder la nuit Qu'il offrît la souffrance et souvent les ennuis J'aimais ne rien entendre ou bien qu'un très grand vent Vînt balayer la place où je me croyais grand. J'étais à la tempête, aux pleurs, à la méfiance Un animal traqué qui pressentait la mort J'étais ce moi perdu droit sorti de l'enfance Qui voguait sur les eaux trop loin du premier port. Mais maintenant, vois-tu, plus jamais il ne pleut Au nez du mauvais vent on a fermé la porte Au diable je réponds que l'amour nous emporte Aux amis j'ai tourné le dos pour vivre heureux. Chaque rêve a fait place à la réalité Les plus beaux de mes jours ont été partagés Le futur espéré devenu le présent Se meurt entre nous deux inexorablement. De la route au matin quand il avait bien plu Du ciel gris sans espoir et de ma vie trop nue Il ne reste plus rien qui puisse être ma joie Et pourtant le temps passe heureux tout près de toi.