Quand nous aurons cent ans Louis Capart Quand nous aurons cent ans, sous notre pauvre terre Que seront désertées les tombes de nos pères Les vagues de la mer auront-elles toujours Le parfum des marées du vent des mauvais jours Les marins connaitront les pêches les plus brèves Et leurs bateaux soumis pourriront sur les grèves Ils n'auront plus l'hiver, le pichet de bon vin Quand nous aurons cent ans, il le verra la main Quand nous aurons cent ans, que la peau et les os Nous ne chanterons plus les chants de matelots Nos cœurs seront usés, nos gorges bien trop noires Nos enfants n'auront plus guère de choses à voir Plus rien à regarder sur la terre et sur l'onde Plus rien à espérer d'une âme vagabonde Nous aurons tout vendu de notre vie ratée Tout éteint du bonheur qu'ils avaient espéré Quand nous aurons cent ans, nous pourrons déserter La conscience tranquille et l'âme reposée Il ne restera rien, nous tournerons la page Et le rêve sera notre dernier voyage