Il n'avait pas la stature suprême Pour devenir le chevalier Il avait là la stature d'un nem Et deviendrait le valet de pied du chevalier Les bonnes fées, le jour de son baptême, votèrent à l'unanimité Il aurait tous les talents d'un deuxième Un second couteau planté dans la plaie du premier Et sa pauvre mère qui pleurait de désespoir Et son pauvre père qui rejetait ce rejeton sans gloire Il fait trop chaud sous sa cotte de maille Un double poney, c'est déjà trop haut pour sa taille Caché sous son heaume, fait le mort derrière la muraille Attend tranquillement la fin de la bataille Esquiver les coups de masse d'armes aiguisées sur le crane Un soldat du roi ne vaut pas beaucoup mieux qu'un âne Allez vous faire éviscérer, sans pitié, par un inconnu Pour défendre un royaume de seigneurs parvenus Que celui qui n'a pas l'étoffe intrépide Se retranche dans la lâcheté morbide En regardant le feu dévorer les arbres En laissant s'entretuer les enfants macabres Quand, dès l'aube, les cornes de la guerre sonnent La terre sauvage se gorge du sang des hommes La toge du sage laisse place à l'uniforme L'ordre barbare redevient la norme et Si tu n'as pas la stature suprême Pour devenir le chevalier Si tu as là la stature d'un nem Tu deviendras le valet de pied du chevalier Quand se sont apaisés les feux de la mitraille Quand les cadavres obscènes exhibent leurs entrailles Comme un revenant qui n'a pas l'ombre d'un remord Et soulage les bouches de leurs molaires en or Ton totem est une hyène quand la misère te mord La fierté, un critère que la survie ignore Trahir est un devoir de maître d'école Pour le crevard sans gloire qui dépouille les morts Il n'avait pas la stature suprême Pour devenir le chevalier Alors pour bien achever le blasphème Alla faire l'amour à la femme du chevalier