Ô mon bel enfant Libre et prisonnier Prisonnier des contraintes que s'imposent les hommes Et libre de les transcender N'aie jamais peur du vide Car c'est le vide qui t'a enfanté Accroche-toi aux parois dures et lisses de la vie Accroche tes ongles aux moindres interstices À la moindre anfractuosité du roc Ouvre large tes oreilles à l'appel du vent À la musique du silence Ouvre tes narines aux odeurs fortes Et subtiles des parfums de la Terre De la sueur, de la peau, de tout ce qui vit, qui exhale, qui respire Pour que lorsque t'arrivera le pire Tu puisses en tirer le meilleur Ouvre tes bras à la détresse humaine Car ta propre détresse peut en être le ferment Ouvre ton cœur à la beauté secrète Sourde, aveugle et muette Parce que rare est celui qui la voit Parce que rare est celui qui l'entend Garde ton âme ouverte comme une source offerte À la soif du mendiant, de l'errant, Du poète, du chercheur, de l'enfant Et ton regard innocent et ton esprit honnête Garde-les toute ta vie car la simplicité est la marque des grands