Tes lèvres ont le tanin Que les papillons laissent Dans le creux d'une main Lorsque la mort les berce Tes lèvres Tes lèvres ont le parfum Roublard des maisons closes Que des oiseaux taulards Ont barbelé de roses Ton sourire salé Est une vague tirée Un bas que l'on enfile Quand la nuit se défile Qui glisse lentement Lorsqu'une larme éclate Comme un bourgeon de sang Sur tes lèvres se hâte Les matins capricieux La rosée maquerelle Les premiers adieux Des étoiles pucelles Le hurlement gracieux D'une feuille d'automne Qui, crevant sous les cieux, Voudrait qu'on lui pardonne Les soleils brûlés Ceux-là des saisons noires Qui prennent au filet Tes lèvres pour bougeoir Les cigarettes mauves Fumant de souvenirs Ce gamin qui se sauve Dont tu connais le rire L'écume des silences Où tu es si légère Quand sur tes lèvres dansent Les silences de la mer Cette fleur adolescente Comme un bouquet jeté Cette fleur qui sent la menthe Et le goudron mouillé