J'allais la chercher vers six heures Elle vendait des toiles, des couleurs Des marines, des sous-verres, des aquarelles Elle s'appelait Lise, elle était rousse Elle avait toujours dans sa trousse Des crayons d'couleur pour se faire belle Autour des yeux et des paupières Les cils Des crayons bleus Des crayons bleus et verts Comme je voulais faire sa conquête Je l'ai emmenée voir la tempête Tout au bout de la pointe Saint-Matthieu Les rafales secouaient la 4L Dans la nuit, elle était encore plus belle Moi, j'regardais danser dans ses yeux L'éclat des phares et les lumières Des îles De rayons bleus De rayons bleus et verts Dans un creux parmi les rochers Dans la fougère et les genêts Je l'ai embrassée un soir d'avril Au loin, les bateaux sur la mer Tout chargés d'or et de lumières Ont soudain perdu l'nord, immobiles J'ai plongé dans ses yeux très clairs Deux îles Deux lagons bleus Deux lagons bleus et verts Posées sur le tapis du vent Plus légères que les cerfs-volants Immobiles, planaient les mouettes Tridactyles J'aurais pu les regarder cent ans Je revenais sur Terre en sentant Son haleine parfumée menthe Et chlorophylle Mais c'est connu, la mer efface Sur le sable toutes les traces Des pas des amants désunis Et à marée basse, sur les plages Parmi les galets, les coquillages Y a des bouts d'verre que la mer a polis On les ramasse, on va les perdre En ville Souvenirs bleus Souvenirs bleus et verts On les ramasse, on va les perdre En ville Souvenirs bleus Souvenirs bleus et verts Souvenirs bleus et verts