Le lendemain Comme le soleil brillait si fort Que ses rayons se faufilaient même sous le dôme du saule pleureur La cane décida qu'elle ne servait à rien d'attendre plus longtemps Et elle réunit sa marmaille Tout le monde en rang Ce matin, nous allons au bain Comptez-vous Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf Hi-hi-hi-hi-hi-hi-hi Et les huit cantons jolis rirent si fort qu'ils en firent presque pipi Ils parcoururent rapidement les quelques mètres jusqu'au lac En se dendinant et en s'applicant à rester en rang En fin de fil, numéro neuf dépassait les autres d'une tête Alors il tentait de se tasser et s'emmêler les palmes Ils étaient tous patauds, mais lui battait tous les records Sauf que là, plus personne ne ricanait Chacun sentait le regard pesant des habitants de l'île Ceux qui les jugeaient Ceux qui se demandaient lequel manger en premier Ceux qui trouvaient que l'île était déjà surpeuplée Et tous qui remarquait le dernier Plus grand, plus empoté, gris, diforme et chuchotaient-ils Vilain comme tout "Quel vilain petit canard que voilà", entendait-on "Une tête pareille, ça m'embouche un coin" disait le doyen des canards "Qu'est-ce que c'est que ce volatile-là?" disait le petit chat "Ça se mange, ou ce n'est qu'un jouet?", demandait-il à son papa "Celui-ci est complètement loupé, eh la cane, tu devrais le refaire" "Qui vous la livrez? il faut vous plaindre et vous le faire rembourser"