Ils paradèrent tant bien que mal devant les humains ravis sur leur barque Et les animaux méfiant, envieux ou agacés Ils regardaient de tout côté, plein de curiosité L'île en elle-même était petite et très artificielle Au sens propre comme au figuré Le genre de propreté que les humains affectionnent Quand tout a l'air de briller et que ça manque de toiles d'araignées Les buissons étaient bien taillés et choisies pour leur couleur Plus que pour le goût de leur feuilles Au regret des rares chenilles, ces ennemis du jardinier Et dans ce lieu isolé, une petite société se côtoyait d'un peu trop près En se croyant privilégié Il y avait les paons et les pies Mais aussi une famille de chats Quelques écureuils, un héron solitaire Et des batraciens en tout genre Deux chèvres tournaient en rond et un âne grognon faisait de l'humour noir Et puis bien sûr les canards Comme tous étaient là pour plaire aux humains Et comme ça n'est pas une main s'affaire Ils ne savaient plus trop comment se comporter Quand le vilain petit canard arriva, tout le monde s'en prit à lui Les lapins étaient les plus taquins L'un d'eux s'amusait à le surprendre à tout moment Il lui donnait une tape et filait Numéro neuf était encore maladroit et tombait en lui courant après Sous les rires et les méchancetés Il pensait Si "on était dans l 'eau, tu ferais moins le malin" Moi je te le dis Mais il ne disait rien