Enfant taxi Thomas Pitiot Moi je connais toutes les rues de Paris, Mes deux parents étaient taxis. Sur les faubourgs de la capitale, J'ai tout capito tout petit. Moi je connais toutes les rues de Paname, Mon père faisait voyager les dames Et les messieurs aussi parfois, On choisit pas toujours dans ce métier-là . Un jour ma mère m'a dit: bonhomme, Je vais t'apprendre à reconnaître un con; Tu vois ce furieux qui klaxonne, Pour que j'écrase le pauvre piéton!?, Et ça, ça l'énervait. C'était marrant quand par hasard Ils se croisaient gare Saint Lazare, Pour quinze secondes, baisers volés Et l'autre con toujours de klaxonner, Et ça les énervait. Je me souviens de ces deux bourgeoises Qui avaient fait pleurer maman, Une humiliation sournoise Dans ce bel arrondissement. J'ai compris que la charité des riches Et que leurs pourboires sans regards N'ont pas le respect ni le sourire D'un Ménilmontant d'un Rochechouart. Chacun avait son tableau de chasse, Rivalisait depuis son trône, Bah moi ce matin gare Montparnasse, Vous devinerez pas qui j'ai chargé, Et ben le gros Zitrone! Les repas de famille s'animaient, On déchaînait les polémiques; Et au dessert chacun tranchait: T'avais raison la rue de la Liberté, Elle est à sens unique! Moi je connais toutes les rues de Paris, Mes deux parents étaient taxis. Sur les faubourgs de la capitale, J'ai tout capito tout petit. Moi je connais toutes les rues de Paname, Mon père faisait voyager les dames Et les messieurs aussi parfois, On choisit pas toujours dans ce métier-là .