Pour un portrait de moi sans complaisance aucune Mettez qu'on me désole trop facilement Qu'il suffit de lâcher ma main juste un moment Pour qu'aussitôt je vive une grande infortune Oh, oh, oh Mettez aussi qu'on peut me réduire au silence Mais sans savoir jamais si je reparlerai Que je ne comprends pas qu'on me mette au secret Sourde comme un enfant placé en pénitence Oh, oh, oh Mettez qu'en vérité si l'amour me désarme Je n'ai jamais cherché à éviter ses coups Ne me consolez pas, vous qui m'aimez beaucoup Je n' suis jamais si belle que retenant mes larmes Oh, oh, oh Mettez qu'on aurait dû plutôt m'apprendre à vivre Et ne pas me jeter au plus fort du courant Alourdie de silences et portant des tourments Que je ne connaissais qu'à travers quelques livres Oh, oh, oh Mettez que j'ignorais tous ces faux évangiles Où le moindre faux pas pouvait faire douleur Qu'on ne m'a pas appris à épargner mon cœur Ni jamais enseigné à me sentir fragile Oh, oh, oh Mettez que si j'ai pu rencontrer le courage Ma mère me l'offrit en me donnant son lait Que je n'ai pas menti, sauf quand il le fallait Que je dois à mon père d'avoir gardé la rage Oh, oh, oh Mettez que je n'ai peur que de la peur en somme Que les enfants que j'ai restent mon seul joyau Qu'une vieille blessure me tient lieu de noyau Que je compte mes jours au pas du métronome Oh, oh, oh Mettez que je m'égare à tous les labyrinthes Et que le fil se casse à mes doigts maladroits Que jamais le chemin ne me mène à l'endroit Où l'ombre que je poursuis a laissé son empreinte Oh, oh, oh Mettez que je n'ai su déjouer tous les pièges Ni forcer les buissons de ronces enchevêtrés Dites à cette ombre-là, si vous la rencontrez Que je n'ai plus pour elle que des larmes de neige Oh, oh, oh Que des larmes de neige Oh, oh, oh Que des larmes de neige