Elle me raconta qu'en dépit des perturbations de la guerre Elle avait vécu à Lyon, puis a Paris, une enfance très protégée Elle me montra des photos de sa mère qui était Alsacienne Une cousine était venue les voir Elle portait le costume des auxiliaires de l'armée allemande Les Français les appelaient les "souris grises" Elle, s'appelait Éliézabeth Son père était souvent absent et ça la rendait triste Parfois, des messieurs venaient à la maison Et ils ne parlaient pas toujours français Elle, qui était une enfant calme Dessinait des cocardes, des insignes qu'elle ne comprenait pas On se mit à parler d'armes et on posa des revolvers sur la table Quand on se souvenait d'elle, on l'envoyait dans sa chambre Elle m'affirma qu'elle n'avait jamais vraiment manqué de rien Pas même de tendresse Et qu'elle avait aimé son père avec passion Un soir, il était parti précipitemment Et elle l'avait suivi des yeux dans l'escalier Elle me dit que la honte est lourde à porter quand on est une enfant Et qu'on préfèrerait parfois le malheur Elle me dit que depuis qu'elle sait L'image de ces enfants traqués, des ces enfants cassés, de ces enfants brûlés Et imprimée sous ses paupières et que ses larmes Ne rachèteront jamais le fait qu'elle ait eu une enfance heureuse Elle me dit que jusqu'à ce jour, elle n'avait pas voulu en parler De sa vieille angoisse Ta mayonnaise Tu peux aussi la rattraper avec du sel