Toujours elle se tient immobile La bouche chargée de silence, l'absente Et quand elle vous jette un regard Il est brûlant à vous en faire perdre le goût des choses Et ne plus prononcer jamais que des mots fous Faits de syllabes égarées Ivre d'amour, d'espérance Et moi je lui ouvre mon ventre Pour lui montrer encore fumante L'image d'elle gravée en moi Immobile et souriante Et je crie à être muette Son prénom pour m'en souvenir Même vieille incapable d'un geste ou d'un regard Et ne pouvant plus dire Ne serait-ce que bonjour ou au revoir Pleine de mort déjà et ne pouvant plus rien Mais redisant sans peine Redisant sans peine son prénom Dans un grand sourire Quand soudain elle marche et se lève Les sanglots étouffent les gorges Et les hommes se pressent Aux vitres de sa cage ridicules et tremblants Juste pour tenter de voir cette marche de reine Dans ce sang sans le savoir Un peu de beauté pure avant d'être cadavre Elle danse, les mots se font rares Et ses pieds martèlent le sol Le sol cherche à l'embrasser Retenir un peu son envol Et le sol cherche aussi à l'embrasser Lui aussi devenu mendiant soudain Comme nous devenu mendiants soudain Mais elle se tait l'absente Et moi qui n'étais pas croyante Je prie à perdre la raison S'enfuir mon dieu, s'enfuir Juste entendre sa voix Et je pourrai partir mon dieu S'enfuir mon dieu, mais elle se tait