Il a dressé la table Pour bombance à la louche. Sanguinaire insatiable, L'ogre ouvre une large bouche. En deux siècles de bonne chère, De festins copieux et somptueux, Sous couvert de quelques prières, S'en met pour plus qu'il ne peut. L'ogre se prend pour le messie, Il nous fait une cène, Nous dévore avec mépris, Gigantesque et sans gène. Mais la terre ne suffira pas, Il ne fait pas dans le sobre. L'univers s'imposera Pour le repas de l'ogre. Mais on n'mange pas comme un porc Sans tacher sa chemise, On n'a pas de mine d'or Sans voler Cochise. Mais on n'prend pas de kilogrammes En gardant sa taille d'antan, On n'revient pas du Vietnam Sans y laisser d'enfants. L'ogre, superbe dramaturge, Pantagruélique, ombilical, Additionne les moutons de Panurge Dans son empire colossal. Mais l'ogre, jamais repu, Même à la fin du menu, Vorace et goulu, Recommence au début.