Dans une chambre du bas de la ville Un tatoueur crée une cigarette Écoute son client fébrile raconter une idée abstraite Prend sa machine sur la tablette et trace d'une main habile Un sacré-coeur en amulette et un verset de l'évangile Crispé sur la chaise de cuir Le client grince et se lamente et en faisant semblant de lire un des habitués commente Comme s'il n'avait pas lui-même subtilement essuyé ses larmes Quand il s'est fait gravé l'emblême de ses anciens compagnons d'âme Et moi dans le sang et l'encre J'ai tatoué ton nom Et moi dans le sang et l'encre J'ai tatoué ton nom Le tatoueur donne l'éternité de ses aiguilles sous la peau À ceux qui sont prêts à payer Le prix de ce charmant boudreault Sans complaisance ni jugement Il fait un travail d'archiviste Des hommes et femmes de son temps De leur histoire et de leur vice Et moi dans le sang et l'encre J'ai tatoué ton nom Et moi dans le sang et l'encre J'ai tatoué ton nom Tous les jours y'en a de toutes les sortes Il en voit des vertes et des pas mûres Mais il ne laisse passer la porte Aux secrets que gardent ses murs Il en prend beaucoup sur son dos Mais si ça le draine parfois il sait que pour être Picasso Il faudrait être un peu Freude à la fois Et moi dans le sang et l'encre J'ai tatoué ton nom Et moi dans le sang et l'encre J'ai tatoué ton nom Et moi dans le sang et l'encre J'ai tatoué ton nom Et moi dans le sang et l'encre J'ai tatoué ton nom