Je me souviens de tout. Du hêtre et de l'avoir, Des marrons, des châtaignes, des premières coupures de rasoir Et des tisanes au tilleul le soir qui embaumaient nos chambres Quand maman contait l'histoire. C'est vrai cela n'est plus que cendre Mais l'incendie n'a rien ôté à la chaleur des longs dimanches Passés à chat perché ou cochon pendu dans les branches Du grand cerisier. A l'ombre de sa silhouette voûtée On guérissait les brûlures indiennes par un goûter. J'en ai connu des canicules et des gelées terre à terre. Il a fallu plus d'une fois faire preuve de caractère Et s'endurcir dans la rigueur loin du confort des serres Sans obscurcir le lendemain pour voir plus clair hier. Le corps frêne et l'esprit peuplier Mais je me rappelle de tout. Les étés dans notre abris côtier Lorsque montait la sève. Et je me résigne A ces instants figés dans l'ambre, la résine. Maintenant que mes vieux os craquent comme les bûches crépitent Dans l'âtre brûlant où ils brasillent comme des pépites Juste le temps de faire une connerie, je me souviens les conifères, Un gosse moulant ses mains dans le plâtre pour la fête des mères Ou enfilant, maladroit, des nouilles en collier. En y pensant je me promène encore à l'orée des bois. J'ai gardé ces empreintes dans mon coeur écolier Et j'emprunte toujours les allées bordées de lilas. Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur. Comme tout est sourd. Comme tout est sordide Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure. Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur. Comme tout est sourd. Comme tout est sordide Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure. Je me souviens de tout. De la moindre bourrasque, De chacune des tempêtes qui a balayé mes basques Et ma parure dont les restes sous le vent En se soulevant pestent sur la façon dont jadis ils apparurent. Je me souviens du temps ou j'étais beau et fort, Où mon corps fourbu ne rechignait pas encore à l'effort Où je faisais voler ces jupes comme des feuilles qui se balancent En effaçant nos airs timides quand elle m'accordait une danse. Deux éclats d'émeraudes posés sur des pommettes écarlates. J'accompagnais ma dame dans quelque valse délicate. Je n ai jamais plié. Toujours droit, le torse fier Si ce n'est enchanté par les courbes de ma douce sorcière. Puis nous avons regardé grandir paisiblement Les deux jeunes pousses qu'on avait planté en s'aimant. On les a protégé densément. Peut-être trop. Une façon de s'excuser d'avoir au pied les chaines du bouleau. Naturellement, elles sont parties puiser en d'autres sols La force d'élever d'autres pousses au milieu des herbes folles Apprenant des anciens que le ciel se touche Pour apprendre aux petits quelles sont leurs racines et leurs souches. Et d'au revoir en adieux la vie a soufflé nos seize ans, Plissé notre écorce écorchée par les saisons Mais dans ma vieille peau elle étouffait, devait se sentir à l'étroit. Bon sang, qu'il a fait chaud pendant l'été 2003. Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur. Comme tout est sourd. Comme tout est sordide Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure. Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur. Comme tout est sourd. Comme tout est sordide Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure. Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse Les années qui bourgeonnent et l'allégresse en fleur. Comme tout est sourd. Comme tout est sordide Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure. Et les saules pleurent sur les charmes de ma jeunesse Les années qui mûrissent et l'allégresse en fleur. Comme tout est sourd. Comme tout est sordide Quand la mémoire implore la fin qui nous effleure.