À quinze ans, je rêvais de princesses À quinze ans, qui n'est pas conquérant? J'aurais fait les cent mille prouesses Pour gagner les honneurs de son rang Et je me voyais Gavroche, blessé au champ de bataille Et à grandes taloches, chasser l'ennemi en pagaille Mais j'oubliais ma princesse pour une bergère blonde Qui me soignait de ses caresses à l'abri du canon qui gronde À vingt ans, j'étais simple soldat Amoureux de la fille d'mon adjudant Mais de la façon dont il me montrait les dents J'ai conclu qu'il n'serait jamais mon beau-papa Et je me voyais capitaine, entouré de tas d'adjudants Qui me priaient d'accepter l'étrenne de leur cadette de vingt ans Mais j'oubliais la fille de l'adjudant, son père et toutes ces balivernes Pour devenir le digne prétendant de la Madelon de la taverne Maintenant, je suis prince charmant C'est du moins ce que dit ma bergère Je ne sais pas ce qui m'attend entre ces murs tout blancs, Impatiemment je guette l'infirmière et je me vois déjà grand-père Mes petits-enfants sur les genoux En train de leur raconter mes guerres Mes amours et mes quatre cents coups légendaires.