Toi l'ancêtre, toi la jolie Toi la révoltée de la vie Toi qui as appris le courage Un printemps, dans les débrayages Qui as crié "Tchécoslovaquie" Le fond de l'air était roussi T'es pas retournée à l'usine Cousine Toi, le morveux, le mal rasé Toi qui es de trente ans mon cadet Toi qui as appris que la misère Elle est pas qu'au bout de la terre Qu'as gueulé "Hospitalité" Le fond de l'air est tout bouché Tu as pas trouvé de turbin Cousin Ma précieuse, ma jamais riche Toi qui lisais Ivan Illich Qui as signé à peine en cloque Un manifeste de salopes Toi qu'as chanté "Enragez-vous" Toi qui as baroudé partout Il y a le feu dans tes prunelles Ma belle Toi qu'es plus vraiment un bambin Qui as vu crever tes copains Toi qui as brandi dans les capotes Ta dignité d'être salope Toi qui as hurlé "Mort à Gênes" Que jamais ça ne nous reprenne Mais ça nous reprend tout le temps Mon grand Toi la vieille, la magnifique Qu'as pas cédé aux années fric Toi qui es partie de la ville Ouvrir les prisons, les asiles Qui as pas attendu le grand soir Les drapeaux rouges, les drapeaux noirs Tu vis ici et maintenant Maman? M'appelle pas maman, mon gars Des bonnes mères, j'en connais pas Toi tu n'es pas rempli de doutes Toi tu crois au bout de la route Tu fais des "rêves générales" Avec le temps on dort plus mal Avec le temps on rêve moins Gamin Et puis on continue pourtant Et puis tu souris tout le temps On invente d'autres manières Pour passer les années d'hiver D'autres armes, d'autres chansons Des trucs pour énerver les cons Et des remparts à nos folies Merci