Quand se pointe l'automne Je réchauffe le camp Mon amour je frissonne Mon amour je t'attends J'ai allumé le poêle J'ai amendé le champ J'ai revêtu mon châle Et j'ai vieilli d'un an Mais voilà que l'hiver S'est invité chez nous J'lui ai servi un verre On a parlé de tout Et de toi, et du froid Et puis de ton retour Comme on s'ennuie souvent Dans les bois sans amour On frappe à ma porte Aurais-tu entendu La prière si forte D'une femme au cœur fendu? Non, c'est le doux printemps Qui ne fait que passer Y me raconte qui t'a vu Dans le bout de Mont-Laurier Que tu lui avais dit Que t'avais pas oublié Que tu m'avais promis Que tu reviendrais au mois de mai Moi je t'ai pas effacé Je t'ai gardé ben vivant Mais l'été s'est pointé Pis d'un air impatient Y m'a dit d'arrêter De perdre tout mon temps À espérer le retour De ce que j'avais avant On frappe à ma porte Aurais-tu entendu La prière si forte D'une femme au cœur fendu? J'ai pleuré comme une folle Je t'ai crié des injures J'suis usée à la corde Bon Dieu que les temps sont durs Et encore les couleurs Puis la gelée qui tombe Et puis la vie qui meurt Et puis les nuits trop longues Je compte les heures Je parle à mon ombre Je voudrais être ailleurs J'ai la foi qui s'effondre Si tu frappes à ma porte Je ne t'entendrai pas C'est assez, faut que je sorte C'est fini, je suis plus là Ma prière n'est plus forte Ne m'attends pas trop Fais comme si j'étais morte Je t'ai mis mon cœur su'l réchaud Fais comme si j'étais morte Je t'ai mis mon cœur su'l réchaud